Le Tuong (théâtre classique chanté), le Cheo (théâtre populaire chanté), le Cai Luong (théâtre chanté rénové), les marionnettes sur l’eau… Ajoutez à cela les chants, les danses et les musiques traditionnelles propres à chacune des 54 ethnies et cela donne une diversité tout à fait incroyable et surprenante. La musique vietnamienne reflète cette caractéristique de creuset des diverses influences des cultures d’alentour (chinoise, indonésienne, hindoue, champa etc.) mais le Vietnam a su intégrer tous ces courants pour forger son originalité.
1- Marionnettes sur l’eau
Les marionnettes sur l’eau (roi nuoc), créées il y a plus de 900 ans sous le règne des Ly (1010-1225), nous interprètent les scènes de la vie quotidienne des paysans : repiquage de riz, partie de pêche etc… De couleurs vives, elles sont fabriquées dans un bois imputrescible. D’une hauteur moyenne de 40 cm, elles sont fixées à l’extrémité d’un long bambou et sont mues par des marionnettistes cachés derrière une natte de bambou, censée représenter la maison communale du village (dinh). Une heures durant, debout dans un mètre d’eau, les marionnettistes font revivre, non sans malice et sur un fond de musique traditionnelle et de pétards, les scènes de la vie rurale.
Chaque marionnette représente un personnage populaire. Elle est faite de bois et rendue imperméable par une couche de peinture. Le personnage le plus connu est Chu Teu, un petit bonhomme au corps arrondi et au sourire optimiste. Il a la mine joviale et espiègle. Le spectacle commence toujours avec ce personnage qui fait rigoler les spectateurs. C’est un spectacle fascinant, magique, à ne pas manquer.
2- Nhac Cung Dinh
Le nhac cung dinh est la musique de Cour (quan nhạc, nha nhai ou nhạc dai noi) de Hué joués sur deux ensembles disparates jusqu’au XXè. Le dai nhạc (« grande musique ») pratiquait la liturgie bouddhiste depuis le XIIIe siècle avec de 9 à 24 instruments. Le nhã nhạc (« Musique élégante ») ou tieu nhạc (« petite musique »), avec 9 à 14 instruments, basée sur huit répertoires différents fixés par Luong Dang depuis le XVe siècle pouvait jouer des musiques autres que celles de cour.
3- Hat Chau Van
Le hát chầu văn ou hát văn ou chầu văn est une musique spirituelle jouée pour invoquer les esprits durant les cérémonies de possession du culte dong bong. Très rythmée, elle recherche la transe et est chantée par l’un des musiciens qui l’accompagnent à la vièle dan nhi ou au luth dan nguyet.
4- Nhac le
Le nhạc le est une musique cérémonielle liée à la cour de Huê. D’origine chinoise, elle a influencé le dai tai tu en devenant populaire.
5- Ca tru
Le ca trù (ou hát ả đào) est une forme de musique du nord du pays, avec un répertoire composé de chants cultuels, de rivalité ou de divertissement. Il n’y a pas de mélodie fixe car elle varie en fonction de la langue à tons. Cette musique populaire qui aurait été créée par Ả Đào; une chanteuse qui aurait charmé « l’ennemi » avec sa voix tandis qu’elle frappait une planchette de bois avec une baguette. Accompagnée par un luth ou un tambour, elle est aussi souvent dansé. La plupart des chanteurs du genre restent des jeunes femmes. Dans les années 1980, le genre a été revitalisé par le relâchement de la répression gouvernementale.
6- Ca hue
Le ca huê est une ancienne forme de musique de chambre aristocratique liée au divertissement au centre du pays. Le dan huê ou nhạc huế en est la musique, datant du XVIIe siècle. Il est interprété par une chanteuse accompagnée d’un ensemble de trois ou cinq instruments à cordes (luths, cithare et vièles : Ngu Tuyêt : les cinq parfaits) jouant sur les modes bac et nam.
7- Cheo
Le ”Chèo” (« chant comique ») est un théâtre populaire apparu au Xe siècle dans le delta du fleuve Rouge au nord du pays. Il est considéré comme la plus ancienne forme d’opéra vietnamien existante. Le Cheo se distingue tout de même du Tuong sur plusieurs points : le chant du cheo est plus rapide, moins accentué et moins grave, les personnages ne sont pas forcément rois et généraux ; les costumes sont plus réels, les décors plus simples.
On y chante et déclame avec des mots de tous les jours en recourant à de nombreux proverbes et dictons. La plupart des mélodies sont d’origine paysanne. L’air enjoué du cheo se manifeste à travers le rire et la subtilité. Le bien et le mal sont les thèmes principaux. Il y a un échange constant entre la foule et les personnages, soit dao (actrice), kep (acteur), lao (personne âgée), mu (matrone) et he (bouffon).
8- Cai Luong
Comparé au Tuồng et au Chèo, le Cải Lương est un opéra rénové qui reste populaire. Il est né dans le Sud au XIXè siècle, on estime environ en 1816. A l’époque sévissait le conservatisme de la cour, même en musique. La population ne tardat pas à se révolter; chaque village avait sont cercle de musique d’amateurs, qui à l’origine, se contentait de jouer des airs instrumentaux. Des paroles furent ensuite ajoutés et les chants rassemblaient dans des numéros de scéne. Aux chants, qui à l’époque utilisaient la plupart des mélodies du Sud et du Centre, s’ajoutèrent des gestes et évolutions. C’est ce qui donna le théatre Cải Lương. Il conquit de larges couches populaires avec la mise en scène de poèmes et oeuvres littéraires issus de contes populaires ainsi que de nouvelles créations sur des thèmes sociaux actuels.
Dans le Cải Lương, les instruments de chant excellent dans le lyrisme grâce à un vibrato plus intense et plus subtil de la main gauche qui rend la suavité de l’accent du Sud Vietnam. Des innovations importantes, telles que des rideaux et décors sont introduites. Le jeu des acteurs qui évoluent dans des décors suffisamment évocateurs devient moins symbolique, moins forcé et donc plus naturel. Les acteurs, étant aussi chanteurs, alternent chants et proses rythmées avec le dialogue.